top of page

La politique camerounaise n'existe pas.

  • johannfotsing
  • 8 oct.
  • 3 min de lecture

Je viens d'écouter, avec la plus grande peine, un extrait de l'allocution d'un certain Cavaye Yeguie Djibril, que l'on a convenu au Cameroun d'appeler "président de l'Assemblée Nationale", donnée au cours du premier meeting de la supposée campagne électorale de l'autre impotent. J'en ai encore la chair de poule. Pendant que j'écris ces mots, mon corps tremble de honte et d'indignation, de colère et de frustration. Ce n'était ni plus ni moins qu'une séance de déshumanisation en plein air, de tous les êtres humains, vivants ou morts, qui se soient jamais identifiés d'une quelconque façon au Cameroun. Quel mépris faut-il avoir pour soi-même et pour la condition humaine pour se soumettre à vivre une chose pareille ? Quelle est la profondeur de l'indi­gnité qu'il faut avoir intériorisé pour assister à une telle séance de sorcellerie et accepter une telle honte publique ?


Quand je parle souvent de sissiacratie, ce n'est pas pour l'amour du jeu de mots. Avec une scène pareille, le sissia s'exprime dans toute son obscure splendeur. J'ai l'impression on arrive à l'aboutis­sement de la sissiacratie, quand les gens qui mangent nos vies, qui boivent note sang et note sueur, qui nous oppressent par la misère, ne craignent même plus d 'afficher leur folie et leur morbidité sur la place publique. Mais plus encore, ils ont le zèle de nous demander de les reconduire, avec leur folie-là même, leur dégénérescence et leur morbidité, à la direction de nos destinées. La sissiacratie atteint son summum quand la foule livrée à une tel niveau d'abjecte, une telle violence faite à son esprit, à sa dignité, ne trouve pour seule issue que de rire en faisant semblant d'applaudir.


A quel moment chacun d'entre nous se dira-t-il, et osera dire à haute et intelligible voix que nos vies, que notre pays, ne sont pas une foire ? Quand est-ce qu'on saura voir que l'honneur n'est pas une simple fantaisie de la langue française ? Quand est-ce qu'on réalisera que la dignité n'est pas seulement pour les chiens, mais que le peuple Camerounais aussi peut y avoir part ? Quand est-ce qu'on cessera de se cacher derrière la famine, la peur et le tribalisme comme prétextes fumeux, pour enfin affronter notre seul vrai problème: la faiblesse morale ?


Non, il n'y a pas élection au Cameroun ce dimanche 12 Octobre. Non. Et ce n'est pas l'euphorie de la candidature d'un homme sans projet Cameroun (je parle bien d'Issa Tchiroma Bakary) qui donnera à cette séance de sorcellerie qu'on appelle élections, plus de valeur qu'il n'y a dans une partie de Monopoly avec des dés pipés. Le jeu politique Camerounais, s'il lui restait encore une once de crédibilité, I'a complètement perdue le 5 Août dernier avec l'éviction grossière et éhontée du seul homme politique camerounais de notre temps, qui a eu le courage de conjuguer politique avec liberté et dignité du people Camerounais. Si en retour, nous n'avons pas le courage de revenir sur cette date du 5 Août, aucun des douze candidats en papier toilette ne pourra jamais traiter le Cameroun avec respect et dignité.


Les seuls vrais Camerounais sont en prison et dans le maquis. Ils vivent au milieu des fantômes de nos héros morts pour le Cameroun. Les pieds des Samba et Douala Manga Bell, gigotant sous la potence, ne sont plus pour eux des images cauchemardesques, mais bien la louange toute la grandeur de l'Homme Camerounais. Et ils sont heureux de vivre ces images même dans leurs rêves éveillés. La tête d'Um Nyobè roulant dans la brousse de Boumnyebel est la grande étoile de leur espérance. Le sourire de Ouandié, face aux feux de ces hommes sans substance qui lui ôtaient la vie devant une foule terrorisée, est un rayon de Soleil qui réchauffe leurs cœurs et leur rappelle que le jour va se lever. Ceux qui sont en prison et dans le maquis sont les plus fiers et les plus dignes d'entre nous. Ils savent ce que c'est que d'être vraiment Camerounais. Et ce sont les plus heureux des Hommes.

Posts récents

Voir tout
La barbarie ne peut taire notre "non"

Parce qu'il n'est pas question de s'abandonner silencieusement à la mort, Alors même que l'on respire encore. Parce que le Cameroun en a grandement besoin. La barbarie ne peut taire notre "non".

 
 
 
Et si on commençait à avoir peur ?

Le courage ne consiste pas à s'enflammer d'une ardeur capable de réduire la peur en cendres [...]. Et si on acceptait courageusement d'avoir peur ?

 
 
 

Commentaires


bottom of page