L'Immaculée Conception: une réflexion sur la parentalité
- johannfotsing
- 9 déc.
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Dernière mise à jour : 10 déc.
Les chrétiens du monde sont entrés depuis bientôt deux semaines, dans le temps de l'Avent où se prépare la venue du Christ. Et hier, moment marquant de ce temps de l'Avent, les catholiques ont célébré la fête de l'Immaculée Conception. Immaculée Conception, késako ? J'ai toujours pensé que la notion d'Immaculée Conception faisait référence à la conception virginale de Jésus. C'était avant que je ne passe par une année de catéchèse pour obtenir le sacrement de confirmation. J'ai appris avec beaucoup d'intérêt que la notion d'Immaculée Conception renferme l'idée d'une Marie conçue sans péché. Le dogme chrétien considère qu'en mangeant du fruit de l'arbre défendu, Adam et Eve, couple source de l'humanité, se sont non seulement attirés la malédiction de devoir manger à la sueur de leurs fronts et d'enfanter dans la douleur, mais aussi celle de voir toute leur descendance, toute l'humanité après eux donc, naître marquée du sceau de ce péché originel. Alors comment dire de Marie qu'elle est conçue sans péché ?
A ma connaissance, la doctrine chrétienne catholique fait deux exceptions au péché originel: le Christ Jésus, ainsi que sa mère la Sainte Vierge Marie. On imagine aisément que le Fils de Dieu soit exempt de tout péché. Pour Marie, c'est le pape Pie IX qui dans la Bulle Ineffabilis Deus publiée le 8 Décembre 1854, a institué le dogme de l'Immaculée Conception, dont il a dit qu'il "est une doctrine révélée de Dieu". Ainsi Dieu s'est choisi un corps immaculé, un être pur, pour porter au monde son Fils Jésus. Comme si le péché qui aurait marqué la mère n'aurait pu qu’entacher le Fils. On peut facilement imaginer que Dieu se soit sérieusement posé la question de savoir qui allaient être la mère et le père de son Fils. Ce n'est pas une mince affaire de choisir les parents du sauveur de l'humanité; ceux là qui assureront sa protection, veilleront à sa construction et à son éducation.
La Bible doit certainement en dire long sur les parents du Christ. Mais je ne l'ai pas assez lue pour en faire référence. C'est en images que j'ai pu m'apercevoir de leurs personnalités: images reçues en catéchèse et puis vues dans un film. Le film Mary de D. J. Caruso, peint la vie de Marie depuis son enfance jusqu'à la fuite en Égypte avec Joseph pour protéger l'enfant Jésus de la folie du roi Hérode. Marie y est présentée comme un parangon de piété, comblée de la Grâce Divine, résistant au mal sous toutes ses formes: depuis l'engagement auprès des démunis, le service dans le temple, jusqu'à l'affrontement physique avec le diable prenant corps d'homme. Joseph lui, est présenté comme un exemple de soumission à Dieu, même devant l'incompréhension d'une conception virginale de Marie, qui lui donne un fils dont il sait ne pas être le père biologique. C'est un homme intègre, un travailleur honnête et dévoué. Père et époux aimant, il fait preuve d'un courage et d'une ardeur remarquables dans la protection de sa famille.
Des parents exemplaires pour le Fils de Dieu, celui-là qui est semblable en tout point aux fils des hommes, excepté le péché. Comment aurait-il pu en être autrement ? Sans une piété comparable à celle de Marie, quelle mère pourrait supporter avec dignité le sacrifice son fils pour ceux-là même qui le mettent à mort injustement ? N'est-ce pas Marie elle même qui invite son fils à commencer sa mission aux noces de Cana ? C'est cette image que la fête de l'Immaculée Conception me donne à contempler: un horizon de perfection dans la parentalité. Que l'on soit chrétien catholique ou non, parent ou aspirant seulement, je pense que ce rappel de la responsabilité des parents d'être la perfection qui précède celle de leurs enfants est intéressant à méditer. J'ai trop souvent vu des parents, armés de l'intraitable conviction de vouloir le meilleur pour leurs enfants, érupter en tentatives enflammées de les changer, au lieu de se changer eux-mêmes.
Est-ce qu'il est plus facile d'envisager la perfection dans un domaine qui ne nous concerne pas ? Je ne pourrai répondre honnêtement à cette question que s'il m'arrive un jour d'être moi-même parent. Et puis qui a dit que la perfection était faite pour être atteinte ? C'est peut-être déjà beaucoup de la contempler assez longtemps pour qu'une graine d'admiration se forme en nous, et qu'un jour elle fleurisse en espoir. Un espoir qui nous fera marcher; mais seulement vers la perfection, et jamais jusqu'à elle. C'est pour cela qu'il m'a paru important de rappeler à l'occasion de cette fête, que les parents sont la chair depuis laquelle les enfants prennent chair, le cœur qui fait leurs cœurs, la terre depuis laquelle ils fleurissent ou fanent. Il faut prendre le contre-pieds du dicton camerounais (1), et accepter de voir que souvent l'on accouche du cœur de l'enfant avant même d'avoir pensé à sa conception.
Notes
1. Selon un dicton camerounais: "on accouche l'enfant mais on n'accouche pas son cœur". En général les parents le sortent une fois qu'ils sentent épuisées toutes leurs tentatives de corriger la moralité courbée de leur rejeton.
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